Grands principes de la génétique

Nous allons abordé ici quelques principes de base de génétique. Notre référence bibliographique est de Sigrid Van Dort, éleveuse hollandaise qui a écrit plusieurs ouvrages sur la génétique des volailles. Pour ceux intéressé par ses livres, ils sont publiés en anglais et néerlandais. Vous les retrouverez sur son site www.tuinvee.nl

La génétique des volailles fonctionne un peu comme si vous faisiez une soupe. Pour une soupe il vous faut un fond (de volaille,bœuf, poisson, légume, champignon…), nous dirons que le fond de votre soupe est la base de la couleur de tel ou tel variété se sont les « allèles e », Le choix de cet allèle déterminera comment les autres ingrédients gouteront pour la soupe ou s’exprimeront pour nos variétés. Il y a des ingrédients qui donnent du goût ou de la couleur à la soupe, en rajouter un, comme le sel, aura un effet sur les autres, le sucré est couvert par celui-ci ou le goût diffère. Ajouter des tomates dans une soupe de légume lui donnera une couleur rouge et altèrera le goût et la couleur, se sera une soupe de tomate, sachant qu’il n’y a pas que de la tomate dedans. On peut alors dire que la tomate est un gène dominant et que les autres légumes sont des gènes récessifs.  Si vous rajoutez de la crème, la couleur rouge de cette soupe va passé à l’orange mais les légumes garderont leur couleur première. C’est un peu la même chose quand vous rajoutez un gène de dilution qui a une influence sur le rouge (les tomates) mais pas sur le noir (les légumes). Quand vous servez la soupe, on peut ajouter des herbes par-dessus, ce qui fait que la couleur rouge de la tomate est altéré par la ciboulette ou le fromage rappé. Les herbes ou le fromage peuvent être considéré comme les gènes de dessin. Ces gènes peuvent donner le liseré, le perdrix ou le caillouté. Ils changeront la couleur du fond (allèle e), des tomates et des légumes (gènes de couleur). Voilà le début de l’affaire, si vous avez compris le principe, le reste devrait suivre assez facilement.

Il faut savoir qu’il n’y a que deux couleurs responsables de toutes les variétés de couleur dans les volailles, qui sont le rouge et le noir. Ce qui produit ces deux couleurs c’est la Mélanine. Les pigments noir sont produits par l’eumélanine et les pigments rouge par la phéomélanine. Le noir est noir il n’y a pas de variante possible.

Pour le rouge par contre, on peut passer du rouge acajou au jaune . Les cellules qui produisent la pigmentation noir fonctionnent plus rapidement et fabriquent une plus grosse quantité de pigments que les cellules qui fabriquent le « rouge/jaune » Les cellules qui font le rouge/jaune ont besoin de plus de temps que les cellules qui font le noir pour entrer et colorer les plumes. Un généticien à démontrer qu’un emplumement rapide pour le noir est un avantage et que l’ emplumement lent est un avantage pour le rouge. Les éleveurs élevant du barré ou coucou comme la Plymouth Rock ont pu constater des barrures rouge entre les barrures noir après que leurs sujets aient eu un problème de santé ou une maladie ce qui a causé une chute de vitalité et donc une chute de la pousse de la plume. Souvent la cause des barrures violettes, voir rougeâtre dans les plumages noir est dû à un ralentissement de la pousse de la plume, dû à des événements comme une maladie, le froid, changement de nourriture, manque d’eau, stress…

Il y a deux sortent de rouge dans la génétique volaille :

1) Le rouge qui est lié au sexe : qui veut dire qu’il caractérise le coq et la poule différemment. Le rouge lié au sexe est le plus visible sur le camail, la selle, les rémiges primaires et le corps des coq et des poules. Sur les poules on le retrouvera aussi au niveau du triangle de l’aile.

⁃ Ce rouge lié au sexe est sur l’allèle s . L’allèle s se situe sur le chromose sexuel appelé Z. Les coqs en ont deux et les poules un seul et donc s’exprimeront différemment suivant les sujets.

L’argenté est dominant sur le doré, il vous faut donc une seule dose de S (argenté) pour avoir de l’argenté. Le coq peut être S/s+ ou S/S par contre la poule est S/-(argentée) ou s+/(dorée). Un coq argenté avec un camail, une selle, grandes rémiges un peu jaunâtre aura beaucoup de chance d’être S/s+.

2) Le rouge autosomal qui n’est pas influencé par le sexe de l’animal. On le retrouvera avec la palette de couleur du brun au jaune sur l’arrière des épaules des coqs et sur la poitrine et tout le corps des poules. C’est le rouge autosomal qui donne la poitrine saumonée de nos Doré coucou saumonée. Il peut s’exprimer par des nuances de couleur allant du crème au doré au niveau du dos et des épaules sur les animaux argentés.

Nous allons commencer maintenant à parler de notre fond de soupe qui pour la génétique volaille sera ce qui déterminera la base ou la distribution de la mélanine noir (eumélanine), la couleur du poussin et du sujet une fois adulte. Notre fond de sauce sera en génétique la série- e. Cette série influencera la couleur du sujet suivant qu’il sera un coq ou une poule une fois adulte.

La serie-e ou allèle-e comprend :

  • E – noir étendu
  • ER – Kirchen
  • e+ – Type sauvage
  • eb – Brun
  • ewh – Froment
  • E – Noir étendu( Orpington noir – noir caillouté blanc – bleu – splash – barré – lavande – chocolat – blanc).

Lexique:

Allèle : Se dit d’une variante d’un gène, résultant d’une mutation et héréditaire, assurant la même fonction que le gène initial mais selon ses modalités propres. (Tout gène peut avoir plusieurs allèles, qui déterminent souvent l’apparition de caractères héréditaires différents.)

Mélanine : Substance pigmentaire foncée, présente dans la peau, les cheveux, les poils, les membranes de l’œil, les plumes.

On l’appelle Noir étendu parce que le poussin provenant de cet allèle aura le dos noir et l’abdomen marbré,cela peu aller du menton à l’abdomen ou seulement un point jaune sous le menton. La plus part des volailles noires sont sur cet allèle E mais il est possible de faire une volaille noire avec d’autres allèles comme ER, eb ou e+ mais vous aurez alors besoin de gène intensificateur de noir pour y arriver.

Si un sujet a seulement E, il pourrait ressembler à un birchen argenté ou doré sans le liseré sur la poitrine, parce que E seul, ne donnera pas un sujet complètement noir ! Pour avoir un sujet noir avec de jolis reflets verts, vous aurez besoin de la présence d’autres gènes intensificateurs de noir et la structure de la plume aussi jouera un rôle. Si le sujet a du rouge autosomal celui-ci pourra donner un lustre violacé au niveau des épaules, si il n’est pas présent vous aurez un reflet vert scarabée.

E est écrit en majuscule car c’est le gène qui est dominant sur tous les autres de la série-e.

Poussin E, on dit souvent que les poussins E ressemble à la couleur des pingouins.
Poussin E, on dit souvent que les poussins E ressemble à la couleur des pingouins.

ER – Birchen (Orpington noir à camail argenté et poitrine liserée )

Longtemps il n’a pas été fait la différence entre un sujet E de celui ER car sans intensificateur de noir un sujet adulte E ressemble assez à un sujet ER. La seule différence entre un sujet E/E et ER/ER est la poitrine liserée du sujet ER/ER. Par contre les poussins E et ER diffère de couleur. Le poussin ER a souvent une tête brunâtre et /ou un point blanc sur le menton. Ils peuvent avoir aussi une couleur d’ensemble un peu violacée.

Poussin ER, on notera le point blanc sur le menton
Poussin ER, on notera le point blanc sur le menton

e+ Type sauvage (Orpington Saumon Coucou Doré)

L’allèle qui se rapproche le plus des volailles sauvages (Coq Bankiva (Gallus gallus Bankiva) ou du coq rouge de la jungle (red jungle fowl) à qui lui ressemble le plus. Les coqs venant de cet allèle ont un camail rouge /orangé ainsi que la selle avec le rachis des plumes moyennement noir. La poitrine est noire comme les plumes primaires ainsi que la queue et les faucilles. La femelle se distingue principalement par sa poitrine saumonée. Les gènes de dessins ou l’allèle S n’ont aucun effet sur la poitrine saumonée. Les poussins mâles ou femelles sont identique. Ils ont une large rayure qui part de la queue à la tête. Une zone plus clair de chaque côté de cette rayures et deux plus fines rayures, de chaque côté de la zone claire, qui continuent jusqu’au yeux. 

Poussin de e+ type sauvage
Poussin de e+ type sauvage

eb – Brun (Orpington perdrix maillé doré – Fauve à liseré noir – Argenté à liseré noir – Herminé blanc – Columbia – (Rouge – Porcelaine rouge))

Cet allèle-e est la base pour tout ce qui est liseré, simple et double, dessin perdrix, crayonné. Le coq eb est très similaire au coq e+ ou ewh mais aura toujours le rachis de la plume noir dans le camail. Les poule eb sont très facile à différencier des poule e+ car les première non pas la poitrine saumonée. Elle sont noire et aussi noire sur le dos que les poule e+. Le poivrage est sur tout le corps et plus prononcer sur l’arrière (selle, queue). La plus part des sujet eb ont des gènes de dessin qui force le noir à former des cercles autour du rachis. Il est possible de faire des sujets noir avec eb en rajoutant des intensificateur de noir, qui n’affecteront pas la couleur des pattes par contre la sous-couleur deviendra blanche à gris clair. Un sujet noir avec l’allèle eb pourra avoir un duvet blanc à la base de la queue. Un bon exemple de sujet noir avec eb est la wyandotte avec ses pattes jaunes. Le poussin eb est brun foncé sur le dos et sur la tête, l’avant de la tête étant plus clair et avec des vagues rayures sur le dos. Parce qu’il a quasi toujours d’autres gènes ajouter à eb, le poussin peut varié de noir avec un abdomen jaune et l’avant de la tête plus clair. Si il y a des intensificateur de noir présent, il aura une légère couleur cannelle, des rayures floues sur le dos si le gène Co (columbia) est présent. Souvent mais pas toujours les femelles sont un peu plus sombre que les coqs, il est donc possible de sexer les poussins si il n’y pas de trop d’intensificateur de noir.

Poussin eb.
Poussin eb.

Ewh-Froment (Orpington fauve, rouge, porcelaine rouge)

C’est l’allèle un peu étrange de cette série car il est difficile de choisir si il doit se trouver ici ou devant e+(type sauvage). Cette série d’allèle-e est faîte par ordre de dominance. E étant « le maître » de la série. Donc logiquement ewh devrait se trouver après E et ER sauf si il y a des intensificateur de noir alors il devient le plus récessif des allèle-e. Il y a autre chose de particulier avec le froment. Il n’y a quasi aucune différence entre un coq froment (ewh) et un coq de type sauvage (e+). la seule petite différence que peux voir un œil aguerri ce sont les plumes du camail et de la selle du coq froment qui a très peu ou pas de noir au niveau du rachis, si il y en a il sera au niveau bas du camail. Camail et selle sont orange/rouge (quand ils sont sur s+) sans rayures noires à la différence du coq eb.

Poussin fauve ewh.
Poussin fauve ewh.

Les coqs ont généralement une sous couleur plus clair que les coqs des autres allèles-e qui ont souvent une sous couleur grises.

Les poules froment diffèrent beaucoup des autres poules de la série-e. Les poules froment ont tendance à être plus « rouge ». ewh froment étend la couleur saumon de la poitrine sur tout le corps et en même temps enlève toutes traces de poivrage.

Le poussin ewh est de couleur crème ou blanc. Parfois il y a un peu de poivrage sur la tête ou des rayures un peu clair sur le dos, si c’est le cas c’est que le poussin a le gène Co (columbia).

Voilà nous avons fait le tour de nos différents fonds de soupe. Vous ne regarderez peut être plus de la même façon vos poussins et vos sujets. Vous avez plus d’informations sur la génétique de vos sujets à l’âge de poussin que une fois adulte. 

N’oublions pas que la génétique est juste un outil en plus qui nous permettra parfois de nous aider à sélectionner ou à croiser et de comprendre pourquoi par ex.ce coq noir ce retrouve avec un camail doré. 

Lorsque l’on parle génétique d’un sujet on part du principe que les sujets sont pures pour les gènes qui le composent ce qui n’est pas toujours le cas dans nos élevages.

Attention, ici nous avons donné des descriptions de poussins ou sujets qui correspondent juste aux différents allèle-e sans rien y rajouter. Toutes nos orpingtons ont un, deux ou plus de gène qui s’exprimeront pour donner les couleurs que nous avons au standard.

Au prochain épisode nous regarderons les gènes qui modifient de manière uniforme la couleur sur tout le corps du sujet. L’équivalent de la tomate de notre soupe.

A suivre…


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