Orpington, reine du poulailler
C’est certainement Dame Gertrude la grosse poule, dame d’honneur de Belle Marianne dans Robin des Bois – le dessin animé de Walt Disney – qui a inscrit dans l’inconscient de chacun, la forme de l’orpington et sa sympathique bonhomie. A n’en pas douter, les dessinateurs de ce célèbre dessin animé avaient des images de l’orpington sous les yeux !
Tout à commencer à la fin du 19ème siècle en Angleterre lorsqu’un éleveur du nom de William Cook décide de concocter une volaille de chair « parfaite ». Il voulait créer une volaille qui ponde bien, hiver compris, qui cherche sa nourriture elle-même, et qui fournisse une bonne chair pour la table. Afin de répondre à ces différents critères, il croise tout d’abord de la poule de Minorque noire (originaire d’Espagne) pour sa ponte abondante, avec de la poule Plymouth rock (originaire des Etats-Unis) pour sa capacité à s’auto-alimenter en grande partie. Les jeunes issus de ce croisement ont été ensuite croisés avec la poule Croad Langshan (originaire de Chine) pour la qualité de sa chair et sa masse. Après une sélection drastique, l’orpington noire est apparue.
Le type de l’Orpington en cette fin de 19ème siècle est loin de celui que nous connaissons aujourd’hui. La volaille était bien plus élancée sans le bouffant des plumes typique d’aujourd’hui, entre autre. L’australop est une autre race (originaire d’Australie) mais qui en réalité correspond aux premières orpingtons que William Cook exporta en Australie. Les australiens ont gardé à peu de chose près le type originel de l’orpington jusqu’à nos jours.
L’orpington créée par William Cook fait partie des volailles dites « grandes races » car elle était destinée à la ponte et à la table. Ce n’est que vers 1930 que les premières orpingtons dîtes « races naines » de couleur noire sont nées ; l’engouement pour ces petites boules de plume a été rapide et de nombreux coloris sont apparus rapidement.
Une affaire de poids
Le poids des grandes races est de 3,5 kg à 4 kg pour le coq (voire plus dans certains cas) et de 2,8 kg à 3,5 kg pour les poules.
Le poids de la race naine est de 1,5 kg pour le coq et de 1,3 kg pour les poules.
Caractéristiques de l’orpington
Type
L’orpington, c’est avant tout un type, c’est-à-dire qu’elle est pratiquement aussi large que haute et que longue, un peu comme un cube. La tête est bien ronde. L’œil est rond également. La poitrine a l’aplomb descendant de la base du cou jusqu’en bas du corps. Les cuisses sont recouvertes de plumes bouffantes, les pattes disparaissent quasiment dans ce bouffant. La pointe de la queue dépasse légèrement du coussin de la selle et non complètement en pompon.
Une orpington est adulte à l’âge de deux ans et atteint ses caractéristiques idéales à ce moment-là. Une orpington double quasiment de volume entre 1 an et 2 ans, un peu comme un pop corn !
Il faut se méfier des sujets peu larges avec un dos plat, très hauts sur pattes ; beaucoup de sujets orpingtons en vente n’en ont que le nom…
Couleurs
L’orpington grande race se décline en de nombreuses couleurs (dîtes variétés).
Les couleurs classiques : noir, bleu, splash (blanc sale), caillouté noire, coucou, barré, fauve, fauve à liséré noir, rouge/acajou, blanc, perdrix maillé doré, noir à camail argenté, tricolore rouge.
Les couleurs les plus récentes : lavande, lavande coucou, lavande caillouté, coucou citronné, coucou rouge, argenté à liséré noire, doré coucou saumoné. Il reste l’herminée blanche qui est quasi inexistante concurrencée par la poule sussex de même couleur.
Pour l’orpington naine, il faut ajouter la couleur chocolat en pleine expansion et qui est en cours d’homologation et de transmission à la grande race.
Comportement
L’orpington est d’un caractère placide et détendu, « cool » dirions nous d’aujourd’hui. Il est à noter que le caractère se sélectionne à l’instar de la couleur et du type.
Nombre d’éleveurs disent qu’il n’est pas compliqué d’apprivoiser une orpington et qu’à sa vue elle se précipite sur lui avec l’espoir d’obtenir quelques friandises.
C’est une très bonne couveuse et éleveuse. Certains éleveurs d’autres races utilisent l’orpington comme couveuse naturelle. Grâce au bouffant de ses plumes, l’orpington peut s’occuper d’une quinzaine d’oeufs. Il faut s’assurer quand même que la poule-couveuse est dans un endroit calme avec eau et nourriture à proximité.
Club de race
La France compte un club technique qui se charge de la promotion et la défense de la race et de son standard auprès des éleveurs en collaboration avec la Fédération Française des volailles. Il participe à l’organisation d’un championnat de France et de concours régionaux mais aussi de journées techniques et d’un bulletin technique. L’adhésion à ce type de club permet d’entretenir des relations privilégiées avec d’autres éleveurs spécialisés.
Maintenance et élevage
Bâtiments et parcours
Un poulailler de 3 mètres carré permet d’accueillir 5 à 6 orpingtons sans problème. Des perchoirs disposés à 50 cm du sol suffisent ainsi que quelques pondoirs. On peut utiliser comme paillis des copeaux de bois, de la paille, de la paille de lin broyée. Il faut prévoir dans le poulailler des aérations faciles à ouvrir et à fermer en fonction des températures extérieures. Il faut aussi prévoir une aération en évitant les courants d’air.
Le parcours est important car c’est là que les volailles trouvent quantité de vitamines, d’oligo-éléments, de petits cailloux ainsi que de la verdure qui est importante pour toute volaille. Il faut compter 20 à 25 mètres pour 5 à 6 sujets ; plus est toujours mieux ! L’idéal est d’avoir un terrain bien drainé car les poules n’aiment pas du tout avoir les pieds dans l’eau, ce qui est source de maladies.
Il faut prévoir, si possible, un auvent où les volailles puissent se mettre à l’abri de la pluie, du soleil et du vent.
L’orpington ne vole quasiment pas, une clôture de 1 mètre de haut suffit en général.
Alimentation
L’orpington grande race est une volaille qui de sa naissance à l’âge adulte a besoin d’une alimentation protéinée conséquente. Il est nécessaire de commencer, dès sa naissance, avec une miette pour faisan/ dindonneau et ce jusqu’à 1 mois environ, puis de passer aux granulés faisan / dindonneau et enfin de diminuer progressivement le granulé en le remplaçant par du blé ou tritical, maïs pour arriver à 9 mois avec un pourcentage de 20% granulé, 70% blé et 10 % maïs.
A un an il faut éviter de continuer à donner du maïs aux poulettes et aux adultes en général – hormis en hiver – car cela ne fait que de les engraisser avec pour conséquence de diminuer la ponte et la fertilité.
Evidemment, il faut s’assurer qu’elles aient toujours à disposition de l’eau fraîche.
Pour les orpingtons naines, une alimentation « classique », type poussin, est préconisée. Il ne pas abuser des protéines sous peine de se retrouver avec des grandes races…
Reproduction
La constitution des parquets (groupe de reproducteurs) doit se faire au moins 1 mois avant la récolte des œufs dans le cas de l’utilisation d’une couveuse artificielle. Un coq peut s’occuper de 6 à 7 poules sans problème, mais il est possible de monter jusqu’à 10 poules. Il faut surveiller les poules et détecter si le coq ne les abîme pas trop en particulier lorsqu’il a une favorite Ses assauts incessants peuvent lui abîmer la chaire du dos avec les ongles des pattes. Dans ce cas, il est conseillé d’écarter la poule en la séparant quelques temps.
En général les éleveurs de grande race commencent la reproduction assez tôt dans l’année, janvier, afin de pouvoir présenter les coqs en exposition dès les mois d’octobre/novembre. Il faut compter 8 à 10 mois afin d’obtenir un coq présentable et fini. Pour les poules, mars/avril est bien suffisant pour qu’elles soient prêtes pour les concours de fin d’année.
Pour la couvaison naturelle, le mieux est d’isoler la poule avec ses oeufs dans un endroit où elle sera seule.
De manière générale, l’orpington grande race et l’orpington naine sont d’excellentes couveuses et mères poules, peut-être un peu gauches lors de leur première couvaison, mais il faut bien apprendre.
Maladies et parasites
L’une des maladies la plus courante est le coryza qui se présente comme un rhume chez l’humain. La poule éternue, coule du nez, râle, ronronne et peut également avoir les yeux infectés si la maladie n’est pas prise à temps : bref tout le système respiratoire est enflammé. Si cette maladie n’est pas soignée, la poule s’affaiblit, devient aveugle et meurt avec le risque de transmission à d’autres sujets. Afin de se prévenir de cette maladie, il faut :
- éviter les courants d’air au niveau du poulailler et du parcours (haie – paravent) ;
- installer des perchoirs afin que les poules ne dorment pas dans la poussière de la litière ;
- avoir un parcours bien drainé qui réduit les risques d’autres maladies ;
- installer un auvent sur le devant du poulailler créant ainsi une zone tampon entre le poulailler et le parcours. Les volailles sont ainsi à l’abri à l’extérieur.
Différents antibiotiques à base de tétracycline ou lincomicyne ou encore tilosine existent à titre curatif. L’important est de s’y prendre le plus tôt possible et d’isoler le sujet atteint avant traitement ou présentation à un vétérinaire car cette maladie se propage très vite.
D’autres maladies peuvent apparaître. Chez le poussin, la plus commune est la coccidiose (infection parasitaire causée par des organismes unicellulaires de la classe des protistes coccidie qui se logent dans l’intestin). Une litière bien sèche et de l’eau renouvelée chaque jour est un atout pour l’éviter. Le traitement s’opère grâce à des antibiotiques de la catégorie des sulfamides.
Aucun éleveur n’est à l’abri d’une maladie dans son poulailler, mais une hygiène des locaux, abreuvoirs, mangeoires et parcours contribuent à en éviter beaucoup.
Au niveau des parasites, le numéro un est le pou. Il s’agit du fléau des poulaillers. Il cause anémie, état fébrile, il fatigue les sujets et peut finir par les tuer.
Ils sont partout, sous les perchoirs principalement, dans les moindres petits interstices. Il n’y a pas de remède miracle pour l’éradiquer. Plusieurs solutions existent :
- en préventif, lors de la construction du poulailler, il faut éviter d’utiliser des lames de bois qui s’emboîtent. Elles constituent des cachettes parfaites pour les poux et deviennent difficile à traiter. Il vaut mieux utiliser des matériaux lisses.
- badigeonner les murs avec de la chaux.
- en curatif, brûler au chalumeau les perchoirs.
- pulvériser un produit sanitaire anti-parasite dans le poulailler.
Certains éleveurs utilisent du pétrole désodorisé en pulvérisation avec une excellente efficacité. En fait, un grand nombre de corps gras peuvent servir à la destruction des poux, le principe est que le corps gras enveloppe le pou, celui-ci se replie sur lui-même et finit par mourir.
Un nouveau « produit » se trouve sur le marché depuis peu, écologique. Il s’agit de dutchy. Les dutchy sont de petits acariens qui raffolent des poux. Ils présentent le gros avantage de ne pas s’attaquer aux volailles, étant dépourvu d’aiguillon pour piquer.
Enfin, les volailles elles-mêmes peuvent être traitées, avec des produits vétérinaires classiques.
L’Orpington est une de nos plus belles volailles d’ornement : elle présente l ‘avantage d’exister en « grand modèle » et en « petit modèle » suivant l’espace dont vous disposez dans le jardin. Elles ont un tempérament calme, débonnaire et curieux qui devrait ravir grands et petits.
Elles s’occupent des restes de table et en contre partie fournissent des œufs et fournissent également un bon fumier pour le jardin. Pourquoi s’en priver ?
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